Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour laquelle le jeune Français se prend soudain du plus vif, du plus charmant amour. Il la veut conquérir à tout prix, triomphe de Braimant, qui est un autre ennemi de Galafre, et épouse enfin sa chère Galienne, qui déjà s’est convertie à la foi chrétienne. (F° 32-50.) C’est en vain que Marsile, frère de Galienne, essaye de faire périr Mainet : Charles, une fois de plus vainqueur, ne songe désormais qu’à quitter l’Espagne et à reconquérir son propre royaume. Il commence par délivrer une première fois Rome et la Papauté, menacées par les païens que commande Corsuble. (F° 55.) Il fait ensuite son entrée en France, où sa marche n’est qu’une série de victoires. Les deux traîtres, Heudri et Lanfroi, sont vaincus et châtiés comme ils le méritent. (F° 64-66.) Charles demeure le seul maître de tout le grand empire (f° 67) ; mais sa joie est empoisonnée par la mort prématuree de sa chère Galienne[1]...


II. EXPÉDITION DE CHARLES EN ITALIE : ROME DÉLIVRÉE.

Un jour, les ambassadeurs du roi de France sont insultés par le roi de Danemark, Geoffroi. Charles, plein de rage, s’apprête à faire mourir le fils et l’otage de Geoffroi, le jeune Ogier, lorsque tout à coup on lui vient annoncer que les Sarrasins se sont emparés de Rome. (Chevalerie Ogier de Danemarche, poème du XIIe siècle attribué à Raimbet de Paris ; édition de Barrois, vers 174-186.) Charles, tout aussitôt, part en Italie, traverse les défilés de Montjeu (Ibid., 191-222), où il est miraculeusement guidé par un cerf blanc (Ibid., 222-283), et s’avance jusque sous les murs de Rome. Le pape Milon, son ami, marché à sa rencontre et lui fait bon accueil. (Ibid., 315-329.) Corsuble cependant, le sarrasin Corsuble est maître de Rome, et n’aspire qu’à lutter contre les Français. (Ibid.,284-289 et 330-383.) Une première bataille s’engage. (Ibid., 384-423 et 448-467.) L’oriflamme va tomber au pouvoir des païens, quand Ogier intervient et relève, par son courage et sa victoire, la force abattue des Français. (Ibid., 468-681.) On l’acclame, on lui fait fête, on l’arme chevalier. (Ibid., 682-749.) C’est alors que les Sarrasins s’apprêtent à opposer, dans un duel décisif, leur Caraheu à notre Ogier. (Ibid., 851-961.) Le succès est un moment compromis par les imprudences de Charlot, fils de l’Empereur. (Ibid., 1075-1224.) Néanmoins le grand duel entre les deux héros se prépare, et l’heure en va sonner (Ibid., 1223-1537) : Gloriande, fille de Corsuble, en sera le prix. Une trahison de Danemont, fils du roi païen, retarde la victoire, d’Ogier, qui est fait prisonnier. (Ibid., 1538-2011.) Mais les Français n’en sont que plus furieux. Un grand duel, qui doit tout terminer, est décidé entre Ogier et Brunamont, le roi de « Maiolgre ». (Ibid., 2565 et suiv.) Ogier est vainqueur (Ibid., 2636-3041) ; Corsuble s’éloigne de Rome (Ibid., 3042-3052), et Charles fait dans la

  1. La légende des Enfances de Charles ne paraît pas antérieure au XIIe siècle, et il n’y est fait aucune allusion dans le Roland. Cf. le Mainet, chanson de geste du XIIe siècle, dont on a eu l’heureuse fortune de retrouver, en avril 1874, plusieurs fragments importants (ils renferment environ 700 vers et ont été publiés dans la Romania ; juillet-octobre 1875, IV, 305 et ss.). Cf. aussi le Karleto de Venise (fin du XIIe ou commencement du XIIIe siècle ;, le Renaus de Montauban (XIIIe siècle), la Karlamagnus Saga, histoire islandaise de Charlemagne (XIIIe siècle) ; le Karl Meinet (compilation allemande du XIVe siècle), le Cronica general de Espana (XIIIe siècle), les Reali (XIV siècle), etc. etc. C’est presque partout le même récit que dans le poème de Girard d’Amiens. Peu de variantes, et elles n’ont rien d’important.