Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/436

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cependant, contrairement à la parole donnée, veut faire mourir son prisonnier : Roland le défend énergiquement, et, de colère, se retire sous sa tente. Isoré est sauvé. (Ibid., f° 106-125.) Une nouvelle bataille commence, plus terrible que toutes les autres : Roland est placé à l’arrière-garde. (Ibid., f° 125-162.) C’est durant cette bataille que le neveu de Charles, au lieu de secourir l’Empereur en détresse, abandonne le champ de bataille et va s’emparer de la ville de Nobles, que les païens ont laissée sans défense. (Ibid., f° 162-213.) Lorsque Roland revient au camp, il est fort mal accueilli par son oncle, qui même le condamne à mort ; mais aucun des Pairs ne veut exécuter la sentence. L’Empereur alors frappe son neveu au visage, et Roland, indigné de cet affront, quitte le camp français pour n’y plus revenir de longtemps. C’est en vain que les Pairs adressent à l’Empereur les plus rudes remontrances et les pires injures. Lorsque Charles se repent enfin de sa violence et envoie chercher son neveu, on ne peut plus le retrouver. Il est déjà trop loin. (Ibid., f° 213-221.) Où est Roland ? Il se dirige du côté de la mer, et s’embarque sans savoir où il va. Bref, il arrive… à la Mecque, près du roi de Perse. (Ibid., f° 221-232.) Or, ce roi est en ce moment menacé par un voisin redoutable, le vieux Malquidant, qui lui a demandé sa fille en mariage. La jeune Diones se refuse obstinément à épouser ce vieillard. Roland, qui d’ailleurs ne se fait pas connaître, s’écrie que rien ne révolte plus la loi de Dieu qu’un mariage forcé, et qu’il saura bien empêcher celui-là. Il lutte avec le messager de Malquidant, Pelias, et ne tarde pas à en être vainqueur. C’est seulement au moment de le tuer qu’il lui crie : « Je suis Roland. » Et il demeure encore inconnu à tous les autres. (Ibid., f° 232-254.) Cette victoire le met en lumière. Il devient l’ami du jeune Samson, fils du roi, et, s’il n’eût pas tant aimé la belle Aude ; il eût volontiers répondu à l’amour de Diones. Mais, d’ailleurs, il a de quoi s’occuper. Il s’est mis en tête de réformer tout ce pays, et de lui donner une administration à la française. C’est à quoi il s’occupe longuement. Il fait mieux : il convertit toute la maison du soudan, et le roi lui-même. (Ibid., f° 254-271.) Cependant, il ne pense qu’à revoir Charles, Olivier et les barons français. On lui offre en vain le commandement d’une armée destinée à conquérir tout l’Orient. Il s’empresse de faire son pèlerinage au saint sépulcre, et s’embarque ’pour l’Espagne avec Samson et deux autres compagnons. (Ibid., f° 271-275.) Ils débarquent. Après vingt aventures, – et notamment après qu’un ermite lui a prédit sa mort au bout de sept années, – le neveu de Charlemagne arrive enfin au camp français et tombe dans les bras de Charles et d’Olivier. (Ibid., f° 275-302.)

Le siége de Pampelune continue. Celui qui défend la ville contre les Français, c’est encore cet ancien adversaire de Roland, c’est Isoré avec son père Malceris. Dans le poëme consacré à cette résistance, dans la Prise de Pampelune (premier quart du XIVe siècle), Roland ne joue réellement qu’un rôle secondaire. Cependant, lorsqu’une lutte sanglante éclate dans le camp français entre les Allemands et les Lombards, c’est Roland qui sépare les combattants, c’est Roland qui les réconcilie. (Vers 1-425.) Il est encore un de ceux qui refusent d’admettre Malceris dans le corps des douze Pairs. (405-561.) Puis il s’efface, et Isoré prend le premier rang, que son père Malceris lui dispute. (561-1199.) Charles, sur le point de périr, est sauvé par les Lombards. (1199-1963.) Altumajor est vaincu ; Logroño et Estella tombent au pouvoir des Français.