Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/449

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fines : Le blanc osberc dunt la maile est menue. (1329.) D’autres fois, le poète fait allusion à l’étoffe ou au cuir dont on doublait encore le tissu de mailles : De sun osberc li derumpit les dubles. (1284.) Païen s’adubent d’osbercs sarazineis.Tuit li plusur en sunt dublez en treis. (994, 995.) Brunies dublées (711, d’après le texte de Venise), ou dubleines (3088.) Ce système de doublure « fut délaissé vers le milieu du XIIe siècle ». (Demay, le Costume de guerre, p. 123.) = Enfin, il importe de signaler l’épithète de jazeranc, donnée à ce même haubert. Or jazeranc signifie : « qui est fait de mailles. » Du reste, quand notre poète veut exprimer que le haubert est mis en pièces, il se sert constamment du mot desmailier. (3387 :) = Dans la Chanson de Roland, le haubert est fendu par en bas. Deux fentes le partagent en deux pans, dont il est souvent question dans le poème. Ces fentes étaient pratiquées non pas sur les côtés, mais sur le devant et le derrière du vêtement. Et c’est ainsi qu’il faut comprendre ce vers : De son osberc li derumpit les pans. (1300, 553, 3571, 3465, etc.) = Les pans du haubert étaient parfois ornés, à leur partie inférieure, d’une broderie grossière « en or » ; ils étaient saffrés : Vest une brunie dunt li pan sunt saffret. (3141. ) De sun osberc les dous pans li desaffret. (3426 : aussi 3307, 1453, 1032, 2949, etc.) Cet ornement, consistant en fils d’archal entrelacés dans les mailles, ne se trouvait, semble-t-il, que sur les hauberts des grands personnages, des pairs et des comtes.

Fig. 13 et 14. D’après deux sceaux du XIIe siècle.


L’écu ( voir les fig. 10, 13 et 14) était alors voulis, c’est-à-dire cambré. Il était énorme, de façon à couvrir presque tout le cavalier, quand il était monté. Sa forme nous est clairement indiquée par les monuments figurés. = L’écu était fait avec des planches assemblées qu’on avait cambrées et auxquelles on donnait parfois double épaisseur. Sur ce bois on clouait du cuir : Tranchent les quirs e ces fuz qui sunt dubles.Chiedent li clou… (3583, 3584.) Le cuir de l’écu (ou l’étoffe grossière, la toile qui le doublait) porte le nom de pene : De sun escut li freint la pene halte. (3425 et aussi 1298.) Il sera très utile de rapprocher ici le texte de notre chanson de celui de Jean de Garlande : Scutarii vendunt militibus scuta tecla tela, corio et oricalco, leonibus et foliis liliorum depicta. = Le champ