Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/87

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et raviva un peu la lampe. Puis il se retourna vers la jeune fille, qui, debout au milieu de la chambre, souriait maintenant en leregardant.

Elle lui parut à tel point jolie et il était si ému de la voir, que son cœur battait des coups de plus en— plus profonds et qu’il lui était impossible de parler.

Elle souriait toujours, en le regardant.

— Je vous remercie de votre hospitalité, dit-elle, d’une voix très douce, mais ne craignez rien, je suis extrêmement mince, et je ne tiendrai pas beaucoup de place.

Il croyait rêver, quand il la vit détacher sa. longue tunique de soie qui tomba sans bruit, et se blottir dans un fauteuil d’osier où elle s’endormit. Ils devinrent amis, il aima beaucoup cette délicieuse enfant qui revint, fidèlement, chaque soir, mais fuyait précipitamment avant la fin de la nuit. Un soir qu’ils causaient ensemble, en mangeant des sucreries, il s’aperçut à ses discours, qu’elle connaissait à fond la musique.

— Votre voix est si fine et si charmante lui dit-il que je : meurs d’envie de l’entendre pourtant, il me semble que si vous chantiez une chanson, vous absorberiez mon àme.

— J’ai peur en effet, d’absorber votre âme, dit-elle en riant, et je n’ose pas vous chanter ma chanson. Bambou d’Or la pria avec insistance, et elle lui dit enfin

— Votre servante ne veut pas vous désobéir, ce serait cependant pour moi très dangereux d’être entendue par quelqu’un d’autre que vous. Puisque