Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/125

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sois pas surprise d’être touchée de mon amour ! Ce n’est pas une flamme ordinaire, qui s’allume peu à peu, c’est le feu d’un volcan, qui jaillit brusquement en déchirant la terre. Comment ne pas en être brûlée ?

— Il faut bien croire à une tendresse si promptement éclose, dit Leïla, puisque le même sentiment vient de fleurir aussi soudainement dans mon cœur.

Puis elle demanda au jeune prince son nom et celui de sa tribu. Ils étaient de deux tribus mortellement ennemies : les Nadites et les Amerites s’étaient voué une haine implacable.

— Hélas ! s’écria Leïla, que de malheurs menacent notre amour ! Couvrons-le donc de cent voiles, cachons-le, comme on cache un trésor en traversant une troupe de brigands.

Bientôt les deux amants eurent des entrevues secrètes, hors des campements, à l’ombre des grands rosiers et des palmiers. Rien ne troubla leur mystérieux bonheur, jusqu’au jour où les amis de Keïs, surpris de ses fré-