Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/16

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Toutes ces femmes sont étendues sur des coussins de cuir bleu, gonflés du duvet des fleurs de chardon, les unes à plat ventre, appuyées sur leurs coudes, d’autres renversées, les bras arrondis au-dessus de leur tête, quelques-unes le torse droit et le dos contre un pilier. Seule, Zuleïka est debout et parle avec animation, interrompue fréquemment par un cliquetis de voix claires.

En ce moment, ces jolies Égyptiennes parlent toutes à la fois, et le tumulte, qui monte de la cour intérieure, effraie un gypaète perché au sommet d’un pyramidion de granit, et le fait s’envoler, rose sur le ciel d’un bleu profond, avec un cri discordant.

— Tu n’entends pas dire qu’il est plus beau que Pentaour, l’œris du Pharaon ?

— Nos princes sont les plus beaux du monde, tu ne nous feras pas croire qu’il surpasse ceux dont la vipère royale orne le front.

— J’en connais qui n’ont pas un défaut.

— J’en ai rencontré qui vous prenaient le cœur à première vue.