Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/178

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pable ? dit-elle d’une voix ferme. Oui, tu as trouvé ce que tu cherchais. J’ai tué un homme, j’ai abandonné mon fils. Et je n’ai commis aucun crime.

— Je t’écoute, dit Omar en s’asseyant sur le divan. Mais songe que celui qui n’a jamais menti, le mensonge ne le trompe pas.

Saleha essuya ses larmes, s’adossa à la muraille et croisa ses bras sur son sein.

— Je ne sais pas mentir, dit-elle, et je n’ai rien à cacher. Juge-moi donc, prince des croyants.

Je connaissais depuis mon enfance une amie de ma mère, une femme sérieuse et bonne qui m’aimait tendrement et me traitait comme si j’eusse été sa fille ; quand je devins orpheline, elle remplaça vraiment ma mère auprès de moi. J’adorais cette femme, je la choyais, je lui obéissais en tout. Un jour, elle vint m’annoncer avec chagrin qu’elle était obligée d’entreprendre un voyage qui durerait plusieurs années. À la tristesse de me quitter se joignait, pour elle, l’inquiétude de laisser sa