Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/215

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s’élance ; mais quelqu’un qui passe sur la route, l’arrête d’un cri impérieux.

Ce quelqu’un, c’est une femme, belle extrêmement, à l’air fier et dominateur, et qui paraît avoir le droit de commander. Elle se montre, sans voile, dans un riche costume à demi masculin, et porte en bandoulière un fusil damasquiné ; le cheval qu’elle monte est magnifique, grand, sans crinière, d’une couleur étrange de vieil or, moiré de reflets superbes, clairs et sombres.

— Qu’a-t-il, ce captif ? demande-t-elle.

— Il pleure, princesse, au lieu de travailler, mais les lanières secouées par mon bras vont lui essuyer les yeux.

— Chien, dit-elle, tu ne vois donc pas qu’il est évanoui ? Fais-le porter là-bas, à l’ombre de ces arbres.

Et elle indiqua, du bout de sa cravache, la lisière d’un bois, vers lequel elle se dirigea.

Maintenant, le jeune homme est mollement couché sur un tertre de gazon, près d’un ruisseau qui fuit entre des cailloux blancs. Le