Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/25

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Joseph rougit à ce discours qui le surprit et l’embarrassa.

Elle se méprit à son trouble, qu’elle jugea l’émotion d’une joie inattendue, et elle approcha vivement ses lèvres de l’oreille de Joseph.

— Aime-moi, dit-elle ; moi, je t’aime déjà de toute mon âme. Je te ferai une vie délicieuse, tu seras le maître, le dieu ; c’est moi qui deviendrai l’esclave.

Joseph se leva, épouvanté.

— Est-ce que cela est possible ? s’écria-t-il, mon maître a en moi toute confiance ; après lui, nul n’est plus grand que moi dans sa maison ; il ne me demande compte de rien, ne me cèle rien ; rien ne m’est interdit, que toi, qui es sa femme ; et je trahirais un tel maître, je commettrais un crime aussi odieux ?

Et le jeune esclave s’éloigna, sans vouloir entendre davantage la femme de Putiphar.