Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/262

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Oui la mort, car je n’ai pas le temps de fuir assez loin. En pleine prospérité, la foudre qui tombe sur moi !

Ses jambes se dérobaient, il s’adossa à la boiserie.

— Qu’ai-je fait pour être en disgrâce ?… Rien, se répondit-il après un sévère examen de conscience ; c’est pour sa fille, il veut vraiment commander au printemps.

Il resta sans penser un long moment, la tête roulant comme une boule de plomb sur sa poitrine ; mais bientôt il secoua cette lourde tête, et la releva d’un air résolu.

— Allons, soyons digne de notre race, dit-il, un Japonais ne tremble pas devant la mort ; ce ne sera pas en vain que j’aurai, depuis l’enfance, pris des leçons de suicide. Voyons, le sabre d’abord, pour se fendre le ventre d’un seul coup, de gauche à droite, puis le poignard qui tranche la gorge…

Il tira son sabre, mais l’arme resta au bout de son bras, la pointe appuyée au sol.

— S’il était possible, pourtant, par quelque