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Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/283

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amours coupables du seigneur le plus inconstant de la cour, elle éprouvait un amer chagrin, une honte d’avoir tant aimé cette oasis, et un autre sentiment encore, qu’elle ne voulait pas s’avouer.

Elle s’était adossée à un arbre, irritée de cette souffrance, et serrant les bras sur sa poitrine comme pour écraser son cœur. Mais un rossignol, qui jeta sa plainte passionnée à travers la nuit, lui ôta toute sa force d’âme. Il lui sembla que c’était sa propre voix, qui pleurait et gémissait dans la solitude, et une larme vint brûler ses paupières arides.

Pourtant elle secoua vite cette faiblesse, et, reprenant son chemin, elle chercha la brèche, dissimulée sous des branches, qui lui permettait de pénétrer dans le jardin.

Sous les rayons de la lune, qui vaporisait la rosée, avec la silhouette féerique de la haute montagne d’Alazi, apparaissant, comme une nuée bleue, à travers les floraisons invraisemblables, l’enclos faisait l’effet d’une création du rêve ; mais Komati ne songea pas à l’admi-