Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/318

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La fenêtre était toute grande ouverte, et un oiseau, excité par le tapage, chantait à plein gosier. Tchouan-Tse croyait entendre une voix qui le narguait, et il avait beau redoubler de bruit, malgré lui, par-dessus tout, il entendait cette voix :


« Ha ! ha ! (disait-elle) philosophe niais ! sous ta gaieté feinte ton cœur est crispé de désespoir.

« Tu avais en cage un ravissant colibri, qui croyait que c’était là tout l’univers, et que ta barbe grise était ce qu’il y avait de plus beau.

« Niais ! niais ! tu as voulu tenter ses ailes ; tu lui as montré la jeunesse du printemps et le ciel de l’amour.

« Ha ! ha ! il a pris son vol, l’oiseau qui faisait ta joie ; pleure maintenant, philosophe imbécile, pleure auprès de la cage vide ! »


— Est-ce donc l’âme de Céleste qui vient me railler ? s’écria Tchouan-Tse exaspéré.

Et il prit un tesson qu’il lança dans le feuil-