Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/336

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bras qu’une esclave inerte, dont le cœur, peut-être, se crispait de haine, tandis qu’il frémissait de bonheur à l’écouter battre.

Cette pensée attrista son amour, sans le diminuer en rien, et il fit tous ses efforts pour apprivoiser ce cœur farouche, pour faire naître un éclair de joie dans ces yeux splendides, mais toujours sombres et désolés. C’était en vain : l’exilée ne rêvait que de sa patrie perdue ; son âme était comme absente de son corps. Cependant, l’empereur ne renonçait pas à la conquête de cette captive adorée, qui ne voyait en lui qu’un tyran inévitable.

Un jour, Ominah errait tristement dans les jardins du palais, songeant à d’autres jardins, moins beaux sans doute, mais où elle n’était pas prisonnière.

Au bout de l’allée ombreuse, elle vit paraître le Fils du Ciel. Craignant de s’être avancée hors des limites permises, elle voulut se retirer ; de loin, il lui sourit, la retint d’un geste : c’était elle qu’il cherchait.

Il la prit par la main, et la conduisit sur le