Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/77

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sa parure nuptiale, empourprée du sang de Bnou-ak.

Elle apaisa d’un geste les murmures admiratifs de la multitude et parla d’une voix haute et sonore.

Elle reprocha aux sujets de Bnou-ak leur mollesse, leur lâcheté, leur facilité à courber le front sous la honte et l’outrage, leur inaction, leur surdité aux cris de leurs femmes déshonorées et demandant vengeance. — Ce que pas un de vous n’a osé accomplir, je l’ai accompli, moi, dit-elle en terminant : je vous ai délivré de l’infâme tyran souillé de crimes ; choisissez-vous maintenant un autre maître, voici ce que j’ai fait de Bnou-ak. Et, découvrant la tête livide du roi mort, elle la lança par-dessus les terrasses vers le peuple.

— Nous ne voulons d’autre souveraine que toi ! s’écria la foule d’une seule voix.

C’est ainsi que Bilkis devint reine du pays de Saba.

Elle régna avec sagesse et gloire, rendant elle-même la justice, et employant le temps