Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/143

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ÉCOLES ALLEMANDE, FLAMANDE, ETC. 135

sant les tendeurs dic temple, tableau d’un mouve- nient si impétueux, et si fier, malgré quelques épi- sodes comiques à la flamande ; les (Quatre Évan- gêllstes, belle et forte étude ; le liol boit, joyeuse kermesse de famille, peinture grasse comme le sujet, où rit l’hilarité la plus épanouie dans le bon vin et la bonne chère, et le Concert après le repas, com- position franchement grotesque, dont tous les per- sonnages, assis autour d’une table couverte de débris d’un abondant souper, jouent qui de la flûte, qui du flageolet, qui de la cornemuse, sous la conduite du chef d’orchestre, bon vieillard battant la mesure sur un pot. Les jeunes femmes chantent à plein gosier, leurs enfants entre les bras ; il n’est pas jusqu’à l’a'ieule, dans son fauteuil d’osier, au haut duquel perche une chouette, qui n’essaye de faire sa partie, un papier de musique à la main. C’est presque une caricature ; mais l’énergie de l’exécution relève jus- qu’à l’art cette scène bouffonne.

David Teniers. dit le Jeune, s’estfait un petit monde où il règne en maître. En vain Louis XIV a dit avec une moue dédaigneuse : « Tirez de devant moi ces magots ; » les musées, les galeries, les cabinets d’ama- teurs ne s’en sont pas moins disputé les magots du bon Flamand, On a trouvé un charme intime à ces cabarets où fument des paysans à côté d’un pot de bière, où des servantes, lutinées par de rustiques galants, passent portant des plats ou des flacons, où dans une ombre chaude, piquées de paillettes lumi- neuses, élincellent des batteries de cuisine bien écurées ; à ces cabinets d’alchimistes, encombrés de