Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/47

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un saint Sébastien, d’une beauté merveilleuse, et à qui les flèches, symbole de son martyre, qu’il tient à la main, donnent une apparence d’Amour.
Dans le fond, on aperçoit des scènes qui représentent le martyre de la sainte et du saint. Mais ces épisodes, qu’autorisait encore l’usage admettant alors des sujets doubles ou triples sur la même toile, sont de petites dimensions, esquissés légèrement, noyés d’ombres et traités de manière à ne pas distraire l’attention du sujet principal. Pour les voir, il faut les chercher bien loin, au dernier plan, et l'œil, amoureusement attaché sur les figures délicieuses de la Vierge, de sainte Catherine et de l’enfant Jésus, ne s’en détourne pas volontiers.
Sous le léger voile d’ambre que le temps a jeté sur le tableau, on sent une fraîcheur argentée, des reflets bleuis, des tons de nacre, et toute cette gamme de nuances charmantes endormies dans le mystère du clair-obscur, où Corrège est resté sans rival.
Au-dessus de l'Antiope, la Déjanire du Guide traverse le fleuve debout sur le dos du centaure Nessus.
Nous avons commencé par Léonard de Vinci, Raphaël et Corrège. Mais, nous en sommes bien sûr, vos yeux, tout en contemplant les précieuses merveilles que nous décrivons, se tournent malgré eux vers l’immense toile de Paul Véronèse, qui représente les Noces de Cana. Dès qu’on entre dans le Salon carré, les regards sont impérieusement attirés par cette magnifique composition, qui, comme