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ISOLINE

en marbre gris, que son poids prodigieux rendait immuable.

La chambre de M. et de Mme Aubrée s’ouvrait de l’autre côté du palier et donnait sur un petit jardin. Gilbert avait pris au-dessus du salon la chambre des enfants, qui étaient descendus chez leur mère.

La rue de l’Horloge, où est située cette maison, n’a de remarquable que cette tour du xve siècle, où s’arrondit un double cadran et dont la grosse cloche, qui eut pour marraine Anne de Bretagne, sonne l’heure d’un son grave et retentissant, et aussi quelques masures anciennes qui projettent leur premier étage soutenu par des piliers jusqu’au bord du trottoir. Le jeune marin, qui par une habitude de son métier, sortait souvent sur le balcon, pour interroger l’horizon, était oppressé par l’étroitesse de la rue ; la maison d’en face lui renfonçait les yeux. Pour ne pas chagriner sa sœur, il dissimulait ses impressions, mais il n’était pas plutôt entré dans cet intérieur gris et calme, qu’un besoin irrésistible d’air et d’espace s’emparait de lui ; il s’agitait, ouvrait les fenêtres, suivi de l’œil par sa sœur occupée à quelque broderie et qui se disait : « C’est la fièvre ! »