Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
ISOLINE


IV


Dans les grandes, salles solitaires du château de la Conninais, Isoline erre lentement, la tête inclinée, les mains pendantes comme perdue dans un demi-sommeil. Elle va de chambre en chambre, sans bruit, ainsi qu’un fantôme, traînant les plis d’une longue robe blanche.

Autour d’elle un luxe moderne, grave et déjà un peu fané, complète les anciennes élégances du vieux manoir ; aux caissons de chêne des plafonds fleuronnés, aux tapisseries éteintes, aux portraits enfumés enchâssés dans les boiseries des murs ou au-dessus des cheminées monumentales, s’ajoutent des lustres de Baccarat, des étoffes nouvelles aux beaux plis souples, des meubles commodes et par places des tapis épais.

Tout est dans un ordre rigide, le parquet est ciré soigneusement ; à toutes les hautes fenêtres, les volets intérieurs sont à moitié repliés.

Animée par une famille heureuse, cette demeure n’aurait eu rien de triste, l’été surtout ; mais cet