Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
EXCURSION EN GRÈCE.

de ces manteaux blancs à longs poils, coupés en façon de chasuble, vous coudoie dédaigneusement et s’enfonce, silencieux comme une ombre, dans une porte ou une rue transversale.

Si l’on creusait sous ce sol exhaussé par la poussière des siècles, on retrouverait sans doute les demeures de ces anciens Athéniens, dont le nom seul éveille une idée de poésie, d’art et d’élégance, car c’était de ce côté que se déployait la ville de Cécrops ; peut-être, en cheminant à travers ces décombres, avais-je sous les pieds le palais d’Alcibiade ou la petite maison de Socrate, ensevelis par cette lave de détritus dont le temps oblitère peu à peu les cités qu’il veut faire disparaître ; on dirait que la terre monte d’elle-même autour des villes mortes et en recouvre les cadavres par une sorte de piété funéraire.

Sur le flanc de l’Acropole que l’on contourne se distinguent des traces assez apparentes encore du théâtre de Bacchus, rebâti sous Périclès, où se sont jouées les tétralogies d’Eschyle, d’Euripide et de Sophocle,