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L’ORIENT.

sourde colère en pensant à la stupidité des barbares qui ont anéanti tant de chefs-d’œuvre pour le plaisir idiot de la destruction. On maudit aussi le temps, et on lui en veut de ne pas se contenter de faire disparaître les générations d’hommes, mais de s’acharner aussi contre les générations de statues. Qu’il mange la chair et non le marbre, ce Temps vorace !

L’on débouche des Propylées sur le terre-plein de l’Acropole par cinq portes. Celle du milieu est la plus haute, les autres suivent une loi de décroissance harmonieuse. Cette façade intérieure des Propylées a pour décoration six colonnes d’un ordre ionique très-chaste et très-contenu dans sa grâce sévère, afin de ne pas jurer avec la majesté dorique du reste de l’édifice. Elles sont, du reste, d’une conservation remarquable, et posent devant les architectes modernes comme des modèles d’une perfection désespérante, dont le secret reste inconnu, malgré toutes leurs études et toutes leurs mesures.

Quelle magnifique entrée à cette merveil-