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L’ORIENT.

est possible, cela est même certain ; les ducs d’Athènes y avaient établi leurs corps de garde et leurs écuries, et les lourds roussins normands rayaient de leurs sabots les purs marbres grecs. Les Turcs s’y étaient fait des casemates de boue et de torses de statues brisées. Le sang chrétien et le sang infidèle a taché plus d’une fois ces dalles polies. On se bat et on s’égorge partout. Les crânes fêlés qu’on rencontre dans tous les coins de l’Acropole en sont la preuve. Mais tout cela ne prouve pas que l’architecte des Propylées ait jamais voulu faire un bastion. Son œuvre n’est qu’un monument purement décoratif ; elle sert à être belle et à présenter aux yeux, de ce côté de l’Acropole, une perspective heureuse. C’était là sa raison d’être, et les Grecs, beaucoup moins utilitaires que nous, s’en contentaient.

Avant de pénétrer sur la plate-forme de l’Acropole, retournons un instant sur nos pas, et visitons le temple, ou plutôt la chapelle de la Victoire Aptère, c’est-à-dire sans ailes, qui se trouve, comme je l’ai dit plus