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L’ORIENT.

têtes des personnages manquent ; quelques bouts de draperies qui flottent autour des corps, comme une écume de marbre, une jambe, un torse moins mutilés que le reste, font deviner quelle a dû être la beauté de cette sculpture évanouie.

Le temple de la Victoire Aptère, dont la statue tenait une grenade d’une main et un casque de l’autre, est en marbre pentélique, élevé sur deux marches, précédé et suivi de quatre colonnes cannelées, du plus tendre et du plus charmant ionique. À l’intérieur, deux piliers de marbre semblent indiquer des chambranles de portes. On a déposé là quelques plaques de bas-reliefs très-remarquables, et que le moulage a rendus populaires. La femme ailée qui se baisse pour rattacher sa sandale, et la femme effrayée par un taureau qu’essaye de retenir une de ses compagnes ; le mouvement de la femme qui fuit est superbe, et son expression, quoique la tête soit brisée, se devine et perce à travers les traits absents. Quelques vagues traces de coloration, qu’on discerne ou que l’on croit