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L’ORIENT.

fortifications escaladant le sommet du rocher qui domine la ville par des murailles flanquées de tours, le mouvement d’une population aussi variée de costume que le bal masqué de Gustave, tout cela prête encore admirablement à l’aquarelle et au panorama.

Le bazar a gardé son cachet. Dans des boutiques sans devanture et pareilles à des alcôves qui s’ouvriraient sur la rue, les tailleurs, les brodeurs, les passementiers travaillent accroupis, nattant la soie et l’or, cousent les chalvars, les akhoulas, les tchekmettes, les béchemettes, non loin des armuriers et des vendeurs de fruits ; des porteurs d’eau passent, transportant leur marchandise dans des outres immenses auxquelles l’allure de l’âne ou du cheval ployant sous la charge donne une espèce de vie convulsive. Vous pensez bien que notre voyageur ne se fit pas faute d’acheter au bazar quelques bonnes armes, surtout des damas et des chachekis à lame kabardienne et tchetchense. Mais il faut s’y connaître comme lui pour se risquer à faire emplète à Tiflis de semblables