Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
SYRIE.

les prêtres, des docteurs à ses gages prêchaient sa divinité, qui ne rencontrait que des incrédules. L’avenir, seulement, lui gardait un peuple de croyants fidèles, qui, si peu nombreux qu’il soit, se regarde, ainsi qu’autrefois le peuple hébreu, comme dépositaire de la vraie loi, de la règle éternelle, des arcanes de l’avenir.

Les Druses ne reconnaissent qu’un seul dieu qui est Hakem. Seulement ce dieu, comme le Bouddha des Indiens, s’est manifesté au monde sous plusieurs formes différentes, et s’est incarné dix fois en différents lieux de la terre, dans l’Inde d’abord, en Perse plus tard, dans l’Yemen, à Tunis et ailleurs encore : c’est ce qu’on appelle les stations. Le nom de Hakem au ciel est Albar, il doit se manifester encore une fois pour faire triompher définitivement sa doctrine sur toute la terre, et lady Ester Stanhope, qui, pendant son long séjour au Liban, s’était infatuée des idées des Druses, attendait la venue du Madhi (c’est le nom que le dieu Hakem portera dans cette suprême incarnation), et lui