Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
L’ORIENT.

muns, prit ce caractère d’intimité qui permet les confidences. Notre amoureux exposa sa situation à l’homme aux lunettes. Il lui dit l’embarras que lui causait Zeynab, et le projet qu’il avait formé d’épouser la fille du cheick dont il sollicitait la grâce.

« Je ne peux pas grand’chose, dit le pacha ; si Zeynab vous gêne, vendez-la-moi pour un cheval, pour une arme de prix, pour un objet quelconque, nous n’avons pas là-dessus les mêmes préjugés que vous. Quant au cheick, j’écrirai au gouverneur de Beyrouth, à Essad-Pacha. Le pachalick d’Acre n’est plus ce qu’il était jadis. »

Le pouvoir de Guezluk était plus efficace qu’il ne voulait bien le dire ; car, en retournant à Beyrouth, Gérard, reçu à merveille par le kaïmakan, apprit que Séid-Eschérazy avait déjà été transféré à Déir-el-Kamar, résidence actuelle de ce personnage, héritier pour une part de l’ancienne autorité de l’émir Béchir.

Gérard, ayant obtenu la permission de visiter le cheick, prit un logement à Déir-el-