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EN CHINE.

Le concert fini, nous remontâmes à la cabine supérieure, où se tiennent le peintre, l’écrivain, chacun dans une petite niche bariolée d’enluminures et d’inscriptions en vers, de chaque côté de la chapelle de Bouddha.

En notre qualité de poëte, nous nous rendîmes d’abord chez le lettré. C’était un homme d’un certain âge, au teint basané, plissé de mille petites rides, ayant quelque chose de la vieille femme et du prêtre, enfantin et sénile à la fois, grave et grotesque, poli, obséquieux et réservé en même temps, avec un sourire de danseur à la fin de sa pirouette, et un regard morne et fin comme pourrait le souhaiter un diplomate. Il tenait entre ses doigts, maigres, décharnés et jaunes comme la main d’une momie, dans une pose impossible pour nous, un pinceau dont il traçait des caractères sur un carré de papier avec une rapidité qui nous rappelait ces vers chinois d’Iu-Kiao-Li : « Le dragon noir voltige et marque en encre ses pas sur le papier treillissé de fleurs. »

Ce que cet honnête lettré écrivait ainsi,