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L’INDE.

Heureusement, les Anglais, sachant que nous sommes trop pauvres ou trop casaniers pour jamais faire ce voyage féerique, ont mis l’Inde tout entière dans des caisses et l’ont apportée à l’Exposition ; ils se sont dit : « Ces petits Français moustacheux et barbus n’auront jamais les six mille francs que coûte l’East-India-Mail, mais ils auront peut-être les deux ou trois louis d’un train de plaisir, et il serait fâcheux que ces Athéniens de Paris, habiles à toutes ces drôleries de goût, d’art et de toilette, ne vissent pas ces merveilles, d’où ils tireront de bons modèles de tapisserie, de broderie et de joaillerie, qui nous serviront plus tard. » Et le gigantesque empire, berceau du genre humain, aujourd’hui province anglaise, a été rangé très-artistement et très-méthodiquement dans des cases et catalogué avec le même flegme que la coutellerie de Sheffield ou de Birmingham.

Nous avons donc pris le parti de faire cet immense voyage, entre un feuilleton et l’autre, au Palais de Cristal ; nous évitons ainsi