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L’INDE.

ce pas de ce pays d’ailleurs que vient le Kohinoor ou montagne de lumière, le plus pur, le plus gros morceau de carbone que le génie des richesses souterraines ait eu le temps, depuis le peu de siècles que ce monde dure, de cristalliser au fond de son alambic mystérieux ?

Si la terre est un écrin, l’herbier est une cassolette. Cannelle, macis, muscade, gingembre, opium, hachich, huile de rose, noix de bétel, piment, sucre de datte, thé de l’Himalaya, aloès, safran, indigo de Salem et de Madras, fleurs d’Hursinghar, tabac blond comme la peau d’Amani la bayadère, fleurs de Camboja, feuilles d’ananas, dont la fibre fournit une fine soie végétale, tout cela ne ressemble-t-il pas à cette montagne des aromates dont parle Salomon dans le Sir Hasirim ? Un sol de diamants ne doit-il pas avoir une végétation de parfums ?

Surexcitée par tous ces noms qui souvent ne sont représentés que par des échantillons desséchés et flétris, enfermés dans des fioles ou des boîtes, l’imagination a bientôt fait