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L’ORIENT.

à des tracés d’ornements, tant les lettres sont belles et les couleurs vives ; ni les jouets d’enfant, ni les ombres chinoises, caricatures pantagruéliques, exagération grotesque de la difformité des idoles ; ni les nattes, admirables mosaïques de jonc ou de paille ; ni les babouches en or ou en argent, en maroquin, en velours, en soie, en chagrin, en fibres d’aloès, avec des paillettes, des broderies, des houppes et des fanfreluches, à désespérer Rhodope ou Cendrillon.

Le côté hideux de l’Inde n’est pas même caché ; des pénitents suspendus en l’air par des crocs passés sous les muscles des omoplates accomplissent une ronde aérienne en l’honneur de l’idole de Jaggernath. Plus loin, des thugs étrangleurs sacrifient à Durga, la femme monstrueuse de Shiva, le dieu de la destruction, les victimes qu’ils peuvent surprendre. Les thugs figurent à l’Exposition autrement que d’une façon plastique. Quelques membres de cette secte fanatique et farouche, amenés à résipiscence par des missionnaires anglais, occupent dans leur prison