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L’ORIENT.

quets, entre des roseaux, qui forme premier plan, et où se tiennent deux pêcheurs, l’un fumant sa pipe et l’autre ramenant un filet. Tous deux sont coiffés d’une espèce de bonnet à bords relevés en turban, assez semblable au sombrero calañes espagnol. Celui qui est debout se drape dans une houppelande à plis épais, d’une majesté singulière ; l’autre, pour être plus libre dans son travail, n’a que des grègues, une chemise de toile et une sorte de gilet bleu ; leurs cheveux noirs à longues mèches, leurs nez minces et aquilins, leur teint couleur de cuivre, donnent bien l’idée d’une race à part et dont le type ne s’est pas abâtardi.

Le berger hongrois sur la Pusta vaut la peine d’être décrit particulièrement, car il est national au plus haut degré. On appelle Pusta, en Hongrie, un vaste espace inculte, éloigné de tout bourg et de tout hameau, ou habité par un propriétaire isolé ; c’est un mot slave que les Hongrois ont pris dans leur langue, et qui n’a pas de juste équivalent en français.