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L’ORIENT.

espèce de contrebasse, le plus jeune, accoté contre le mur, attaque les cordes de son violon d’un air fier et dédaigneux, ses narines se gonflent, sa bouche frémit, ses cheveux s’agitent comme de noirs serpents ; sans doute il exécute la marche de Rakoczky le rebelle, et les buveurs attentifs laissent leurs chopes pleines sur la table. Ce ne serait peut-être pas calomnier les pratiques de ce pittoresque cabaret que de dire, comme dans la ballade, « les filles étaient fraîches et jeunes, elles avaient des corps sveltes, prompts à se tourner, légers dans leurs sauts ; les garçons… les garçons étaient des voleurs. »

Ces trois beaux dessins vigoureusement coloriés, et qui valent des tableaux, appartiennent au prince Esterhazy. Nous en avons parlé avec détail parce qu’ils sont composés et que leurs fonds donnent une idée du paysage hongrois.

La femme mariée d’Arokszallas allant à la messe est un superbe échantillon humain. Jamais plus noble costume n’a revêtu plus belles formes. La tête, vue de profil, est