Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
LE DANUBE.

ses franges pendantes, la chachia cerclée par la corde de poil de chameau, encadrent bien ces belles têtes ardentes et pensives, empreintes des mélancolies du désert et de la foi robuste des premiers temps de l’islam. Le Turc de Morée, avec sa face maigre, osseuse, plaquée de tons rougeâtres, ses oreilles évasées et son nez de travers, présente un caractère de résolution goguenarde tout différent. Le Turc des côtes de la mer Noire, par ses pommettes larges et saillantes, ses oreilles détachées de la tête, sa mine sombre et renfrognée, fait pressentir déjà le type tatar. Le Turc bulgare est presque un Russe. — En revanche, l’Arabe de Bagdad a la fière élégance d’un calife des Mille et une nuits, et, sous son costume à demi européen, le fellah d’Égypte a l’attitude de figures hiéroglyphiques, le teint de granit brûlé, les yeux obliques et la moue indéfinissable des sphinx.

Si l’on veut tenir compte de la répugnance qu’ont les musulmans pour poser, par suite de leurs idées religieuses et de leurs préjugés superstitieux, le mérite de M. Valerio s’en