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L’ORIENT.

où les hallucinations du jeûne amènent un redoublement de ferveur. Les Turcs, quoique se croyant en possession de la vraie foi, n’ont pas d’aversion pour les religions différentes de la leur ; ce qu’ils méprisent, ce sont les athées ou les idolâtres. L’islamisme, débarrassé de son fatras de commentaires, a la grandeur austère et un peu nue du protestantisme. Allah règne seul dans sa terrible unité au fond d’un ciel solitaire, au-dessus des houris vertes, rouges et blanches, concession de l’âpre génie de Mahomet aux sensualités asiatiques ; c’est, en dehors du christianisme, la plus pure conception de Dieu. En parcourant les mosquées, il est impossible de ne pas être frappé de cette absence de toute image humaine et de cette ornementation géométrique composée de lignes brisées, croisées, enchevêtrées, n’exprimant que l’idée abstraite. Calvin et Luther n’auraient rien à retrancher dans un temple musulman. — Quant à la morale, elle prescrit les mêmes préceptes d’humanité générale que les autres religions. Maintenant,