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ÉGYPTE.

mais ici se présenta un détail imprévu et d’une grâce touchante. Sous chaque aisselle de la morte était placée une fleur entièrement décolorée, comme les plantes longtemps pressées entre les feuilles d’un herbier, mais d’une conservation parfaite, et qu’un botaniste eût nommée sans doute. Était-ce une fleur de lotus ou de perséa ? Nul ne put nous le dire ; il n’y avait là que des savants. Cette trouvaille nous rendit pensif. Qui avait mis là ces pauvres fleurs comme un adieu suprême au moment où le corps regretté allait disparaître sous le premier enroulement de bandelettes. Des fleurs de quatre mille ans, — cette fragilité et cette éternité — cela fait une impression singulière.

On rencontra aussi parmi les linges une petite baie de fruit dont il est difficile de désigner l’espèce. Peut-être une baie de ce népenthès qui faisait tout oublier. Sur un fragment d’étoffe soigneusement recueilli se lisait dans son cartouche le nom d’un roi inconnu appartenant à une dynastie non moins ignorée. La momie ouverte à l’Exposition uni-