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L’ORIENT.

façon, le mal de mer eut la clémence de nous épargner, et, malgré la catastrophe de la veille, nous déjeunâmes d’assez bon appétit à la table déjà dégarnie de la plupart de ses convives, car, bien que le temps fût beau, la houle se faisait assez sentir pour inquiéter les estomacs susceptibles. Il est vrai qu’il fallait nous couper notre pain et notre viande, nous verser à boire et nous donner la becquée comme à un béjaune, mais dix mains amies se tendaient aussitôt pour nous rendre ces petits services.

Après le déjeuner, on nous installa dans un de ces fauteuils articulés qui se déploient comme des chaises longues, et toujours quelque camarade se tenait près de nous pour nous distraire par des propos et nous aider à rallumer notre cigare éteint. Quelquefois, au milieu de l’entretien, le compagnon pâlissait, verdissait, réclamait du servant un verre de rhum, une tasse de thé, un citron, et finissait par disparaître. Un autre au cœur plus assuré le remplaçait.

Mais en voilà assez sur ces détails pure-