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L’ORIENT.

Nous avions beau recommander à notre cocher d’aller doucement à cause de notre bras, il modérait un instant l’allure de ses bêtes, puis il reprenait le galop, humilié d’aller au pas. Avec quelle avidité nous regardions autour de nous, saisissant au vol le moindre détail caractéristique ! Rien ne produit l’impression de ce premier coup d’œil. Alexandrie n’est pas une ville purement orientale, mais elle a plus de cachet que ne le disent les voyageurs. Malgré les formes maladroitement européennes qu’affectent les belles maisons, on sent bien qu’on est en Afrique. Ici, une porte est encadrée d’ornements sculptés dans le goût turc ; là, un moucharabieh laisse entrevoir, à travers ses fines découpures, une silhouette de femme qui regarde ; plus loin, un étage surplombe, une maison se termine en terrasse, un dattier darde au-dessus d’une muraille sa colonne surmontée d’un chapiteau de feuilles. À un coin de rue apparaît une femme masquée comme un domino ; des âniers demi-nus poussent devant eux leurs baudets, et un chameau