Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
ÉGYPTE.

mais qui font le désespoir de l’artiste, étalant leurs façades badigeonnées de couleurs tendres, ocre, saumon ou bleu de ciel, les cahutes de pisé à toits plats, le tout dominé par les minarets de la mosquée et les coupoles blanches de quelques marabouts ; ajoutez à cela l’accompagnement obligé de figuiers de Pharaon et de palmiers jaillissant au-dessus des murailles basses des jardins. Entre la ville et la station s’étend un terrain vague, comme une sorte de champ de foire occupé par des campements, des gourbis en roseaux ou en branches de dattiers, des tentes faites de vieux lambeaux de toiles et quelquefois de la bande d’un turban déployée.

Le ménage de ces frêles habitations se fait en plein vent. Sur un petit feu de fiente de chameau, le café se fait tasse par tasse, dans une petite bouilloire de cuivre jaune, et sur des plaques de tôle cuisent les minces galettes de dourah. Les cannes à sucre sont coupées en morceaux, dont les fellahs sucent avidement le jus douceâtre, et les pastèques éventrées montrent, dans leur peau verte,