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ÉGYPTE.

uns très-coquettement harnachés d’une selle de maroquin rouge relevée en bosse sur le garrot et d’une têtière à poupons, et d’autres avec un bât fait d’un bout de tapis, attendaient les voyageurs du chemin de fer qui s’arrêteraient à Tantah, pour les transporter du débarcadère à la ville. Les âniers, en courte tunique bleue ou blanche, les jambes et les bras nus, coiffés de la calotte en feutre, une baguette à la main et semblables à ces sveltes figures de bergers ou d’éphèbes dessinées si légèrement autour de la panse des vases grecs, se tenaient près de leurs bourriquets avec une pose indolente, qu’ils quittaient bientôt si une probabilité de pratique s’écartant de la station s’avançait de leur côté ; c’étaient alors des gesticulations forcenées, des cris gutturaux et des bousculades de compétition où le malheureux touriste risquait fort d’être mis en pièces ou de laisser la meilleure partie de ses vêtements. Quelques chiens errants, de pelage fauve, à oreilles de chacal, bien déchus de leur ancienne position, et qui n’avaient pas l’air