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LE FAYOUM, LE SINAÏ ET PÉTRA.

mides de Gizeh et de Sakkara, nous descendons dans les souterrains de Sérapéum découverte par Mariette, pour y compter les trente-trois gigantesques sarcophages de bœufs Apis dont les soldats de Cambyse ont soulevé le couvercle, et nous gagnons ensuite le Fayoum, tantôt à travers de grandes forêts de palmiers, tantôt en longeant des canaux ou des mares laissées par l’inondation du Nil retiré à demi, en faisant halte à des villages en pisé et en briques crues, dont les habitants ont la douceur naïve naturelle au fellah, l’être le plus inoffensif du monde.

C’est à Senouhrès que la troupe folâtre rencontre Hasné, la danseuse en vogue du pays, l’étoile chorégraphique du Fayoum. Gérôme en a fait un croquis gravé pour le livre où se reconnaît le pur type égyptien antique. On dirait une tête enlevée au couvercle d’un vase canope. Sa pose toute droite a l’immobilité hiératique. Les bras pendent, les yeux sont baissés, les lèvres entr’ouvertes laissent voir les dents. Mais ne vous fiez pas à ce calme trompeur : quand le démon de la