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LE FAYOUM, LE SINAÏ ET PÉTRA.

dire, car la plupart de ses édifices encore debout sont taillés dans le roc, et ont cette particularité de présenter des façades qui n’aboutissent à rien. Les tombeaux pratiqués au flanc de la montagne ont l’air de fenêtres où s’accouderaient les morts pour regarder les passants, s’il y en avait, ou de loges ouvertes sur le théâtre creusé à même le roc et où l’on peut compter encore trente-trois marches décrivant un hémicycle parfaitement distinct. Ces architectures ont du rapport avec le style des temples et des palais de Balbeck et surtout avec les édicules des décorations. Pétra, qu’on avait oubliée au désert comme les ruines de Palanqué au fond des forêts d’Amérique, est vraiment bien la capitale de l’Arabie Pétrée, — soit dit sans calembour. Elle s’élève solitaire sur d’immenses éboulements de blocs pierreux entre lesquels se glissent comme des reptiles des bédouins de la plus dangereuse espèce.

Et maintenant que nous avons accompagné nos artistes jusqu’à la plus périlleuse station de leur voyage, et que nous les savons hors