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LE NIL

Le Nil ! — Quel beau titre pour un livre de voyage ! À ce nom seul l’imagination se met en travail, la curiosité devient impatiente. — Qui n’a rêvé cent fois, en suivant sur la carte ce filet noir onduleux s’évasant dans la Méditerranée par de multiples embouchures, et dont la source est encore un mystère, de laisser là un jour tous les tracas mesquins de la vie, de partir, d’aller, de suivre les méandres du fleuve sacré, du vieil Hopi-Mou, le père des eaux, comme l’appelait l’antique Égypte, et de lui arracher son secret fidèlement gardé par tant de siècles, ou tout au moins d’explorer ses rives qu’encombrent les ruines de prodigieuses civilisations éteintes ? Ce vœu, resté pour nous à l’état de