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LE NIL.

ces du Nil, on ne les découvrira jamais ; je crois, comme les Arabes, qu’il descend directement du paradis ! »

On voit que M. Maxime Du Camp était digne, par son talent et son amour, de décrire les beautés du Nil, qui n’eut jamais, même au temps de sa divinité mythologique, de prêtre plus convaincu ni plus fervent.

En sortant de Rosette, enfouie dans de vigoureuses masses de verdure, dattiers, tamarins, bananiers, colocasias, roseaux, cannes à sucre, qui laissent luire par leurs interstices quelques pans de murailles blanches, ou s’élancer au-dessus de leurs touffes un minaret bulbeux, M. Du Camp voit passer près de sa barque des canges aux grandes voiles ouvertes comme des ailes de cygne, et arrive bientôt devant le marabout du santon Abou-Mandour.

Même avant la brillante description du jeune voyageur, nous connaissions cette coupole laiteuse, aux ombres bleuâtres, à demi enveloppée par les frondaisons métalliques