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L’ORIENT.

le rouge reflet du foyer. Nous serions peut-être pris d’une invincible paresse et nous chercherions une excuse pour notre conscience dans le célèbre paradoxe de Lireux : « Rien ne gêne l’impartialité du critique comme d’avoir vu la pièce. » Mais les noms de Ramjar et de Samjo, avec leur timbre exotique, tintaient nostalgiquement à nos oreilles et bruissaient comme les sonnettes d’or aux chevilles de Vasantasena, emmenant notre imagination vagabonde au bord du Gange ou de l’Hoogly, là-bas où les escaliers de marbre blanc descendent aux piscines sacrées, où les pagodes alourdissent leurs dômes comme de gigantesques ruches d’abeilles. Le nom de Pereira nous troublait aussi, l’accompagnant dans notre rêverie d’un frisson de tambours de basque et d’un cliquetis de castagnettes. Nous sommes un peu comme l’Hassan de Namouna qui, « toute sa vie, aima les Espagnoles, » le moindre frou-frou de basquine nous attire et voilà pourquoi, l’autre soir, nous étions au cirque au lieu d’assister à la reprise de la Famille