Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
ACROBATES INDIENS.

Semblables aux statues grecques primitives d’Égine ou de Sicyone, leurs guerriers et leurs héros légendaires, sur les miniatures des manuscrits, sur les peintures vernissées des coffrets et des miroirs, ont presque l’air de femmes. Tels l’art les représente, tels ils sont dans la nature, et les Indiens du cirque offrent tous les traits caractéristiques du type, qui n’a pas varié que l’on sache depuis la trouée faite par les batailles d’Alexandre dans cette terre immémoriale et profonde.

Nous aurions désiré retrouver, pour régler les exercices de Ramjar et de Samjo, le naïf orchestre indou qui, jadis, accompagnait Amani la Bibiaderi de la pagode de Tendidini-Pouroum ; ces musiciens, d’une irrécusable authenticité, s’appelaient : Ramalingam, Savaranim, Deveneyagorn, des noms qui semblaient pris, dans leur harmonieuse longueur, au Ramayana ou au Mahabaratha. Ils jouaient de la flûte de bambou et du tambour en papier de riz. Qui sait où sont allés ces pauvres diables ? Dans le nombril de Bouddha, sans doute, et, s’ils vivent encore, ils doivent