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L’ORIENT.

nom : Tunis la blanche, la glorieuse, le séjour de félicité, l’industrieuse, la bien gardée, la florissante !

M. Léon Michel, qu’il n’est pas besoin de présenter a ceux qui lisent le Moniteur, a au plus haut degré l’instinct du voyage, instinct très-rare en littérature, et qui ne consiste pas seulement dans l’humeur vagabonde, mais bien dans le don de voir. Cela semble aisé, ouvrir les yeux, regarder devant soi, et raconter ce qu’on a vu. Mais la plupart des yeux sont comme les miroirs et ne conservent pas les images réfléchies. Le monde des formes et des couleurs est fermé pour bien des gens, d’ailleurs pleins de savoir, de talent et d’esprit. Il faut aussi saisir au vol le détail caractéristique, être frappé des différences, et surtout se soumettre à la nature des pays que l’on visite. Selon nous, le voyageur ne doit critiquer que lorsqu’il est de retour. Tant qu’il est en route, son affaire principale consiste à contempler la terre, le ciel, les monuments, la végétation, les habitants, les costumes et les mœurs de la région qu’il ex-