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L’ORIENT.

lantes comme celles qui accompagnent dans les keepsakes et les livres de beauté gravés à Londres, les têtes romanesques d’Evelina, de Rosalinde et d’Ellen ; — c’était un sacrifice au goût européen où la poésie, chose rare, n’avait rien à regretter.

Duclany, l’hôtesse kabyle, Constantine, le Rummel avec ses arches naturelles et sa cascade, commençaient à s’estomper au fond de notre cervelle, dans ce brouillard épais qui n’est pas encore l’oubli, mais où le rêve commence à combler les lacunes de la réalité, lorsque, l’autre jour, nous entrâmes inopinément au Casino des Arts : cinq ans et cinq cents lieues furent franchis en une seconde, et nous nous trouvâmes sur le plateau de Mansourah, ayant Constantine à nos pieds. L’illusion était complète.

Par hasard il faisait beau ; une lumière vive et crue tombant d’aplomb éclairait la Ronda africaine sur l’immense bloc de rocher qui lui sert de piédestal ; les toits de tuile désordonnés sur lesquels les cigognes font leur nid et laissent tomber les serpents qu’elles