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L’ORIENT.

comme presque tous les cours d’eau d’Afrique, alimenté par les pluies d’équinoxe ou les fontes de neige, s’est chargé de fortifier la ville, et il y a réussi mieux que Vauban et Cohorn. Ses infiltrations ont creusé dans le rocher une coupure de huit cents pieds de profondeur au fond de laquelle il roule ses eaux troubles et impétueuses, tantôt à ciel ouvert, tantôt sous des arches qu’il a évidées et dont l’arc immense effraie l’œil par sa hauteur. Après avoir embrassé presque circulairement la ville de son inexpugnable fossé naturel, il change brusquement de niveau et se précipite dans la plaine par une cascade dont les nappes et les rejaillissements semblent avoir été copiés d’après une des plus sauvages fantaisies de Salvator Rosa, tant le site est âprement pittoresque et férocement inculte.

Un pont qui, par son apparence, rappelle plutôt l’aqueduc de Ségovie et le pont du Gard que ce qu’on entend habituellement par ce mot, plonge jusqu’au fond du gouffre par trois superpositions d’arches extrêmement