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LES BAYADÈRES.

cuir vigoureusement sanglée, descend à grands plis jusqu’aux chevilles ; une petite brassière à manches très-courtes enferme et contient la gorge : cette brassière est fort jolie ; les paillettes, les clinquants, les verroteries, les agréments d’or et d’argent, forment les arabesques les plus capricieuses et les plus élégantes. À propos de ceci, remarquons que les nations que nous regardons comme barbares font preuve d’un goût exquis dans tous leurs ornements, et que les plus habiles passementiers de Paris restent bien loin des bourses, des blagues à tabac, des portefeuilles, des éventails et autres mômeries que l’on rapporte du Levant, et qui sont faites à la main par de pauvres diables rongés de vermine et roués de coups.

Entre cette brassière et le pantalon, il reste un assez grand espace entièrement nu, et qui n’est pas le moins paré. On ne saurait rien voir de plus charmant que cette peau blonde et dorée, si lisse et si tendue qu’on la prendrait pour un corset de satin, et sur laquelle la lumière joue et frissonne en lui-