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POÉSIE PERSANE.

Hassan-Sebbah sollicita une place à la cour. Les vœux du poëte et de l’ambitieux furent remplis. Mais bientôt Hassan montra son ingratitude en tâchant de supplanter son bienfaiteur ; ses menées furent déjouées, et, le cœur plein de rage et de haine, il se réfugia dans les montagnes, où tout ce qu’il y avait de natures perverses, audacieuses et mécontentes le rejoignit. Il se créa ainsi une bande redoutable, dont les excès et les brigandages semèrent partout l’épouvante. Hassan avait su provoquer chez ses affiliés des dévouements fanatiques ; ils exécutaient ses ordres avec une passivité d’obéissance extraordinaire, quels qu’ils fussent. On croit que c’est à Hassan qu’il faut rattacher étymologiquement l’ordre des assassins et le mot qui signifie meurtrier dans la pire acception du mot. Les âmes basses éprouvent le besoin de se venger des bienfaits, et un jour Abdul-Kassem, que son maître Alp-Arslan avait légué à son fils Malek-Schah, qui ne sut pas apprécier un pareil trésor et lui retira le turban et l’encrier signes du pouvoir, fut trouvé