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LA PERSE.

tes baraques disséminées sur la pelouse du jardin.

Nous voyons là-bas pointer un svelte minaret avec son balcon aérien, où il ne manque que le muezzin pour convoquer les fidèles à la prière. S’il les appelait, ils viendraient, n’en doutez point, car à chaque pas nous rencontrons de brunes figures aux blanches dents, enveloppées de draperies flottantes qui promènent nonchalamment leurs babouches jaunes, des fez et des turbans, des têtes à tempes rasées comme sur le pont de Galata ou la place de l’Esbekieh. C’est la mosquée de Brousse, celle qu’on nomme la mosquée Verte, avec son dôme surmonté du croissant, sa porte à l’arc évidé en cœur, ses fontaines aux grillages outrés comme une guipure d’or et placés aux angles en manière de pavillons, ses fenêtres ajourées de découpures, son mirah qui indique aux croyants la direction de la Mekke, son miraber où l’iman lit les versets du Koran, ses légendes en caractères cufiques entremêlés de ces délicieuses arabesques qui sont l’art de l’Orient,